ECOVOLONTARIAT SUR L’ILE DE NOSY BE AVEC PEAU BLEUE
Avril 2011, nous partons pour deux semaines pour l’île de Nosy Bé, située au Nord Ouest de Madagascar.
Ce voyage est un voyage « biomarine », entendez un voyage à objectif naturaliste et scientifique dont le chef de file n’est autre que Patrick Louisy, docteur en océanographie, spécialiste des poissons et photographe sous-marin connu.
Nous contribuons à un projet de conservation de la biodiversité et des ressources naturelles marines et côtières dans une logique de développement durable en relation avec une association de protection de l’environnement et les scientifiques du centre de recherche océanographique malgache basé à Nosy Bé.
Autant dire tout de suite que ce voyage a été passionnant, enrichissant aussi bien au niveau de la recherche scientifique, de l’amélioration de nos connaissances qu’au niveau des relations humaines. Nous étions une équipe très sympatique de 16 personnes.
Nous sommes logés chez « Gérard et Francine », hôtel situé à l’extrêmité de la plage d’Ambatoloaka tout près d’un grand cratère où se situe l’ancien port de pêche. Dans un jardin luxuriant nous trouvons bouganvilliers et hibiscus, palmiers et arbre du voyageur.
L’arbre du voyageur ou « ravenala », prononcer [ravnal], c’est son nom malgache qui est devenu aussi son nom latin car il est endémique de Madagascar, doit son nom à sa faculté qu’il a d’emmmagasiner l’eau à la base de ses feuilles, ce qui permet au voyageur assoiffé de se désaltérer. Cependant, d’un point de vue sanitaire, je vous le déconseille fortement….Virus, bactéries et parasites s’en donnent à coeur joie dans cette eau stagnante à 30°C.
Au petit déjeuner, jus de fruits frais, oranges, ananas, papayes, tranches de cake maison, confitures maison…de quoi bien débuter la journée et nous en avons bien besoin ! Ce qui nous attend chaque jour, deux plongées, une heure et demi à deux heures de bateau aller retour, plein soleil…
De temps en temps, les arbres s’agitent fortement , signant l’arrivée des makis qui, cureux viennent voir ces nouveaux touristes et éventuellement les fruits qu’ils auraient pu oublier sur les tables…Il est déconseillé de nourrir les animaux en liberté. Ils possèdent de grands yeux roux, une belle fourrure et une longue queue. Ils sautent d’arbre en arbre les bras en l’air. Ces grands sauts sont impressionants.
Sur les murs extérieurs ou les troncs de palmiers, il y a de nombreux lézards d’un beau vert tacheté de rouge et de turquoise et la nuit, les geckos les remplacent faisant une orgie de moustiques.
Des moustiques, il y en a dès qu’il fait nuit surtout sous les tables qui se régalent des jambes nues. Leur piqûre ne gratte pas très longtemps et ne laissent pas de trace. Ils sont aussi très sensibles au répulsif. En ce qui concerne le paludisme, nous avions tous un traitement antipaludéen recommandé pour la zone 2. En ce qui concerne les risques alimentaires, nous avons tous eu notre épisode de troubles digestifs, entre 1 et 3 jours avec ou sans fièvre souvent nous empêchant de plonger.
Sur la grande plage alternent cabanes de pêcheurs, maisons malgaches, restaurants pour touristes, petits hôtels et clubs de plongée.
Le club Tropical diving s’occupe de tout, équipement et chargement des blocs sur les bateaux, déchargement, rinçage des combinaisons… De quoi vous aidez à passer un séjour très agréable.
Si vous vous levez suffisamment tôt, vous verrez le zébu tirant la charette sur la plage,
les femmes avec leurs lourds paniers sur la tête qui vous vendent bananes, ananas, vanille, poivre, canelle, paréos, grandes nappes brodées à jours, rideaux, napperons…
Vous verrez aussi de nombreux enfants qui se baignent.
Vous pourrez aussi ramasser comme moi de nombreux coquillages et si vous cherchez bien, vous trouverez peut-être quelques trésors…
UN PETIT GROUPE BIEN SYMPATIQUE
Nous étions donc 16 plongeurs et plongeuses intéressés ou passionnés de biologe marine et prêts à découvrir les fonds marins malgaches, à photographier, répertorier et identifier les différentes espèces de poissons rencontrées. Il y a les habitués de ce genre de voyage, les photographes mordus et les novices. Nous sommes répartis sur deux bateaux et nous plongeons sur les mêmes sites.
En palanquée de deux ou trois maximum, il y a la plupart du temps un photographe par palanquée. Ardoise plastique et crayon, notes descriptives sur les poissons et l’environnement, photos, de quoi prendre suffisamment de repères pour les identifications à venir. Cela n’empêche pas de prendre plaisir à la plongée. Personne d’entre nous n’a l’impression de « travailler » !
Le départ est fixé vers 8 heures pour Nosy Tanikely et vers 7 heures pour Nosy Fanihy, nettement plus éloignée de notre plage. Les bateaux sont confortables mais il manque un taud pour s’abriter du soleil ardent. La crème solaire est de rigueur !
Les plongées sont peu profondes, entre 3 et 18 m. Elles sont d’autant plus longues, de une heure à une heure et demi. La température de l’eau, 30°C, ne nous a jamais laissé l’occasion d’avoir froid ! Une combinaison légère suffit mais reste indispensable pour se protéger des coraux coupants ou urticants.
Le plaisir de ces plongées bio, c’est : pas de circuit imposé à toutes palmes où le pauvre photographe est toujours à la queue… Non, c’est de l’observation en toute tranquilité; les poissons qui se font nettoyer ou les crevettes qui creusent les trous des gobies n’ont plus de secrets pour nous et les photographes mitraillent…
Chaque palanquée a en charge d’observer quelques familles de poissons avec plus d’attention, par exemple, les demoiselles, les papillons, les anges, les gobies ou les chirurgiens…Les espèces et leur fréquence sur chaque site.
Pour connaître et répertorier la nature des fonds, il y a les « transects »: une ligne sur un fond relativement horizontal de 20 mètres de long est réalisée à l’aide d’un double décamètre.
Les zones sont déterminées, jardin de corail, sable, crête, tombant… Les espèces rencontrées dans chaque zones sont notées , corail branchu, corail mort, roche, débris coralliens…
Chaque 50 cm, la nature du fond et sa profondeur sont soigneusement notées. Chaque palanquée effectue ces mesures à tour de rôle. Cela prend environ 20 minutes de sorte qu’il reste assez de temps pour profiter de sa plongée ensuite.
Après la première plongée, on débarque sur l’île déserte… sable blanc corallien ombre sous les arbres…et une petite heure de pause sur Nosy Tanikely avant d’attaquer la deuxième plongée.
Après le retour des plongées sous un soleil ardent, vite, un petit rinçage et nous nous retrouvons tous au restaurant donnant sur la plage et la mer turquoise. L’intendance « resto » est parfaite…
Au menu, poisson grillé tout frais pêché, carpaccio de poisson, salade de crabe, légumes cuits, riz, pommes de terre ou côte de zébu grillée… De nombreuses sauces accompagnent les plats, sauce coco, sauce piment, sauce gingembre… Au dessert, tarte au coco, ananas et bananes flambées. Nous n’avons pas été candidats pour les glaces (la chaine du froid permet-elle des températures suffisamment basses pour faire barrière à tous les germes ?). Quelques uns d’entre nous se risquent à la mousse au chocolat, les gourmands…
La sieste est bien méritée après le repas. Puis, vers 17 heures, nous nous retrouvons afin de déterminer les poissons observés à l’aide de nombreux livres spécialisés.
Débriefing des plongées et présentation du projet…
…Les photos sont chargées sur les ordinateurs portables puis nommées, genre, espèces, photographe, lieu de la prise de vue… Le vidéoprojecteur en place, un grand drap tendu sur un mur et c’est parti pour un petit cours sur les poissons.
20 heures, c’est déjà l’heure du repas du soir ! Un nouveau restaurant et toujours un rendez-vous bien organisé. C’est l’heure de se coucher, repos bien mérité !